Au dix-septième siècle, Bertrand Chesnay fut un homme important dans la région de
Québec: père d'une famille nombreuse, marchand actif, bourgeois respecté, homme
d'affaires entreprenant, seigneur du fief de Lotinville. Essayer en quelques pages de
mettre sa vie en évidence relève du défi, celui du jeune marin voulant décrire un
iceberg par la présentation de sa pointe. Le patronyme Chesnay signifie le possesseur
d'une plantation de chênes ou une personne qui vit dans ou près d'une chenaie. Les
Chênes de Bretagne sont particulièrement beaux. Les descendants de notre ancêtre se
disent aussi Chaisné, Chainé, Chené, Chesnaye, Chénier, etc.
YFFINIAC
Fils de Nicolas Chesnay et Catherine Laringue, Bertrand était né sous le ciel de
Bretagne, dans le patelin d'Yffiniac, canton de Langueux, arrondissement et évêché de
Saint-Brieuc, département des Côtes-du-Nord. C'est au fond de la grande baie de
Saint-Brieuc, dans l'anse d'Yffiniac que Bertrand Chesnay connût le calme de la mer, la
régularité de ses marées, la variété de ses mollusques, cette fenêtre ouverte sur
l'inconnu. If fréquenta l'école puisqu'il savait signer et compter. Quel était le métier de
son père? Nous l'ignorons. La réussite du fils nous incite à conclure qu'il vint au
Canada avec des sous en poche et des idées en tête. Vers l'âge de trente ans,
Bertrand entre en nouvelle-France. Sa première apparition officielle a été consignée
dans nos registres canadiens en 1656.
PREMIERES NOCES
Aujourd'hui les futurs mariés se présentent à l'église le samedi, jour chômé.
Autrefois, on recevait la bénédiction nuptiale le lundi. Le 7 août 1656, un lundi,
Bertrand Chesnay sortait de la demeure de son beau-père Bélanger avec à son bras
sa jeune épouse âgée de treize ans. Marie-Madeleine Bélanger, filleule de François et
de Marie Guyon, deuxième enfant d'une famille qui en comptera douze.A son contrat de mariage signé le 8 juillet précédent, les parents de l'épousée
avaient donné outre son trousseau trois poinçons de blé de froment, une vache et un
cochon. Parrainée par Jean Guitet, commis aux greffes de Québec,et M.-Madeleine
Legardeur, filleule de Pierre, sieur de Repentigny, le 15 février 1643, à Québec,
M.-Madeleine Bélanger fut baptisée par le fameux père jésuite d'origine italienne
François-J. Bressani. Le jour de ses noces, L'honoraient de leur présence son oncle
Charles Legardeur, sieur de Tilly, ancien gouverneur de Trois-Rivières, Olivier Letardif
et Macé Gravel. Le jésuite Barthélemi Vimont bénit cette union de
classe.En l'espace de quatorze ans, sept enfants viendront développer ce foyer:
1. L'aînée Marie Chesnay, filleule de Jean Gloria le 22 septembre 1658, unit sa vie à celle de Joseph Petit dit Bruneau, à Québec, le 16 septembre 1675. Marie vit grandir ses dix enfants à Trois-Rivières et devint même seigneuresse de Maskinongé. C'est à cet endroit qu'elle décéda en 1730,
2. Anne, née le 13 novembre 1660, ne survécut pas. Elle fut inhumée dans la cave Sainte-Anne, le 24 du même mois,
3. Le premier garçon Chesnay, Jean, baptisé à Québec le 11 novembre 1661, probablement pensionnaire au collège des Jésuites vers 1672, disparaît après le recensement de 1681,
4. Une seconde Anne, née le 7 octobre 1664, filleule de Anne Martin, élève des Ursulines, donna sa main à Pierre Lemaître, à Trois-Rivières,le 8 janvier 1682. Son mari était le fils de François Lemaître dit Lamorille et de Judith Rigaud. Leurs douze enfants fréquentèrent donc leurs cousins et cousines Petit dit Bruneau, à Trois-Rivières,
5. Quant à Joseph, né le 19 avril 1667, confirmé par Mgr de Laval le 25 mai 1681, il n'a laissé aucune trace après cette date,
6. Marguerite mourut après dix jours de vie, le 3 février 1669,
7. Dans le registre de Château-Richer, Pierre Caumont oublia d'inscrire le prénom du dernier rejeton Bélanger-Chesnay, décédé le 9 janvier 1670,
Ainsi la descendance de ce premier mariage ne s'est perpétuée que par les
filles.
HOMME D'AFFAIRES
Bertrand Chesnay était à Québec en 1655, puisque dès le 4 avril 1656 il achète une
maison près du quai, anse du Cul-de-Sac, voisine du magasin de la Communauté des
Habitants de la Nouvelle-France. Prix de ce marché: 650 livres.L'emplacement de 30
pieds de longueur et de 22 de largeur fut agrandi deux fois. Le 14 septembre 1662, il
possédait 58 pieds comme longueur totale sur le quai. Le 31 mars 1657, Betrand obtenait une concession de terre à Château-Richer,large
de trois arpents de front, située près de celle de Zacharie Cloutier, fils. Le 6 janvier
1661, Bertrand Chesnay cédait sa maison de la basse-ville à Etienne Racine et à
Simon Guyon, à la condition que les deux contractants s'engagent solidairement à
construire sur sa ferme de Château-Richer, près de la rivière Cazeau, une maison de
20 x 18 pieds en carrés, 8 1/2 pieds sous poutre, avec cheminée de 8 pieds de large à
la base, à livrer à la Toussaint 1662. Pendant ce temps, Chesnay était marchand de
la basse-ville. Est-il allé en France durant l'été de 1663? Peut-être. L'on sait que le
Conseil Souverain lui fit de difficultés pour le prix coûtant de ses marchandises
achetées dans la mère patrie. C'était en mars 1664. Le transport était alors
dispendieux. Les autorités voulaient plafonner les prix. Bertrand fut même mis à
l'amende pour la somme de 500 livres. Il fit alors un plaidoyer en faveur de la qualité
supérieur de son étalage, en particulier de ses couvertes, et reçu l'absolution
gouvernementale. Lagarenne possédait une chaloupe pour transporter ses
marchandises dans les environs de Québec. En 1659, on le présente comme membre
de la Société de traité de Tadoussac. Pierre Le Gaigneur de La Rochelle avouait avoir
reçu de Chesnay 200 livres pour marchandises en consignation, le 4 août 1659. En
1661, Bertrand vendit à l'église Ste-Anne "dix planches pour quatre livres". Pour cinq
ans, Bertrand affermait sa terre de Château-Richer à Jean Baron et à Mathurin Tessier,
le 31 mars 1664. Il était alors appelé bourgeois de cette ville. Les fermiers de sa
métairie paieront annuellement 60 minots de blé, 15 de blé d'Inde et 15 de pois. En
retour, le propriétaire prêtait 2 boeufs, 2vaches, 1 charrette, 1 charrue, en plus de faire
une avance secourable de 300 livres. Bertrand Chesnay avait gravi rapidement les
premiers échelons d'une société naissante. Pourra-t-il aller plus haut, plus loin?
SEIGNEUR DE LOTINVILLE
A la Côte de Beaupré, une portion de terre avait été détachée de la seigneurie par
Jean de Lauzon, le 1er septembre 1652. La largeur de ce fief était de 28 arpents à
l'ouest de la rivière Petit Pré, celle-ci y comprise. En 1660, les tenanciers se
nommaient Charles Lefrançois, Romain Trépagnier, Louis de Lamarre dit Gasion,
Abraham Fiset, Pierre Tremblay, Rodolphe et Adrien Hayot,Pierre Petit dit Milhomme et
Symphorien Rousseau. Les Iroquois massacrèrent Jean de Lauzon, le 22 juin 1661,
à l'Ile d'Orléans. Le 7 juillet 1664, la veuve Anne Desprès épousait Claude Bermen de
la Martinière. Le fief fut alors mis en vente au plus offrant. Le 30 août 1664, Bertrand
Chesnay dit Lagarenne, époux de M.-Marguerite Bélanger, l'obtenait pour la somme de
2850 livres. Dès le 3 septembre 1664, le sieur de Lagarenne portait foi et hommage
pour son fief à Charles Aubert de la Chenaye. Chesnay prit son courage à deux mains
et se mit à l'oeuvre. Le manoir de Lotinville, près de la rivière Petit Pré, tombait en
ruine. Le 17 mars 1665, Bertrand achète 200 planches de Romain Trépanier, pour le
rénover. Puis, il fit construire grange et étable. Deux boeufs de Lefrançois eurent le
seigneur comme nouveau maître. Un accident de l'onde lui fit perdre deux tenanciers,
le 30 juin de la même année: Antoine Berson, son beau-frère, et Vincent Vernon. Sa
belle-soeur Marguerite Bélanger lui causa bien des soucis. Jusqu'en 1667, Lagarenne
semble avoir une succursale de son magasin de Québec sur son fief. Il se permettait
même d'envoyer des peaux d'orignaux en Europe. Racine et Guyon n'entrèrent pas en
possession de la maison Chesnay, au Cul-de-Sac. Le seigneur de Lotinville fit affaire
avec une multitude de gens. Il était" la banque à piton" de la région. Luis devaient de
l'argent Symphorien Rousseau, René Lavoie, Jean Boutin dit Larose, Elie Godin,
Michel Roulois, Louis Houde, Adrien Blanquet, Pierre Roche, Pierre Biron, Louis
Couillard, René Cosset, Jacques Anet, Antoine Cassé, Olivier Michel, Jean Guyon,
Jacques Goulet, Marin Leclerc, François Hébert, Jean Serreau, sieur de Saint-Aubin,
Jacques Cauchon, etc. Au recensement de 1666, Lagarenne emploie quatre
domestiques: Michel Fernel, Robert Sillery, Mathieu de Montmenier et René Beaudet.
L'année suivante, ce nombre est doublé: Philippe Destroismaisons dit Picard, Pierre
Richard, Pierre Canada, René Beaudet et Jean Cosset, Nicolas Maheu, François Nault
et Pierre Rolland. Élisabeth Guillot, dix ans, filleule de Geoffroy, aide la seigneuresse.
Le maître de Lotinville possède 14 bêtes à cornes et 24 arpents en culture. De plus,
dans sa ferme de Château-Richer, ses fermiers Jean Baron et Mathurin Tessier
déclarent aux recenseurs 10 têtes de bétail appartenant à la métairie, riche de 25
arpents défrichés. En 1667, Bertrand transporte ses pénates à Lotinville et loue sa
maison de la basse-ville de Québec à Louis Houde, puis au notaire Romain Becquet.
Le 12 novembre 1668, il promet livrer aux Hospitalières de l'Hôtel-Dieu 200 minots de
blé. En 1668-1669, le seigneur est marguillier de la paroisse de N.-Dame de Québec.
Après une longue période de belle température, le ciel souvent se charge de nuages et
la foudre fait de grands dommages. Le seigneur Chesnay est considéré; son influence
remarquable. La chance lui sourit. Le Conseil Souverain essaie bien de la prendre
dans ses griffes à propos de ses peaux d'orignal dirigées plus ou moins
clandestinement vers la France. Bertrand s'en tire bien. Nous savons que Chesnay
vendit 100 livres de pétun au sieur de Lamothe du régiment de Carignan. Seigneur de
Lotinville! jusqu'où-iras-tu, rare homme?
INVENTAIRE ESSOUFFLANT
Tout allait trop bien! Après le décès de son dernier enfant survenu en 1670, M.-Madeleine Bélanger mourut à son tour au manoir. Les registres ne nous donnent aucune précision au sujet du départ de cette seigneuresse. Alors, ce fut le branle-bas de l'inventaire. Du 21 janvier 1671 à la fin de mars, les notaires Fillion et Becquet passèrent au peigne fin tous les biens meubles et immeubles de la succession Chesnay à Lotinville, à la maison de Québec louée en partie depuis deux ans à Philippe Gauthier de Comporté, à la ferme de Château-Richer. Bertrand apparaît comme un des bourgeois le plus fortunés de la colonie. La valeur totale de ses biens s'élevait à plus de 24 765 livres. Lui devaient 11709 environ, 124 particuliers de tous les coins du Québec. A l'occasion de cet inventaire exigeant, le notaire Fillion en perdit presque le souffle de la raison. Romain Becquet le remplaça aux commandes de la plume. Voici quelques détails spéciaux. A la maison Chesnay à la fois résidence et magasin, il y a des peaux d'orignal huilées comme tapis, une horloge en cuivre avec son timbre, un petit oratoire de bois de pin, deux étuis à cure-dent, un bahut de cuir rouge, un dictionnaire de langue bretonne, un livre de mathématiques, un habit de serge de Londres pour madame, une cape de camelot de Hollande, de la serge de Rome, de la bière, de l'eau-de-vie, du pétun, des rets à saumon, des lignes à pêche, des couteaux de poche. L'aînée Marie Chesnay étudie chez les Ursulines. Les trois autres enfants vivent à Château-Richer comme pensionnaires chez leur grand-père Bélanger, malgré les relations tendues qui existent entre Bertrand et François. Chesnay à cette époque avait atteint l'apogée de sa puissance. Des difficultés de toutes sortes, questions d'héritage, mineront sa fortune et sa vie.
SECONDES NOCES
L'inventaire de ses biens n'était pas encore terminé que Bertrand Chesnay passait un contrat de mariage avec Élizabeth Aubert, le 30 janvier 1671. Il douait la filleule de Claude Aubert, notaire royal, et de Jacqueline Lucas, de la somme de 1,500 livres. Etait-ce un mariage d'amour ou de raison? La fillette de seize ans était née le 22 février 1654 à la Côte de Beaupré, à Château-Richer. Le R.P. Ragueneau l'avait baptisée le 24 mars suivant. A l'église de Château-Richer, le 4 février 1671, l'abbé Fillion unit par les liens du mariage Élisabeth et Bertrand devant Simon et Nicolas Guyon, Guillaume Thibault. Leurs huit enfants furent tous baptisés à Québec, à l'exception du dernier. Le manoir était situé du côté est de la rivière et donc dans la paroisse de Château-Richer:
1. Élisabeth Chesnay, née le premier janvier 1672, filleule de Geneviève Juchereau, élève des Ursulines,
2. Charles-Bertrand, né le 25 février 1673 et confirmé à Québec le 9 mai 1682, pensionnaire au petit Séminaire de 1683 à 1693,
3. Anne Chesnay, née le 22 Juillet 1674, devint religieuse des soeurs de la Congrégation N.-Dame sous le nom de soeur Sainte-Anne. Profession en 1699,
4. Françoise Chesnay, née le 20 septembre 1675, également pensionnaire chez les Ursulines avec sa soeur Anne-Agnès et Louis, étudiant au Séminaire, tous ils eurent une fin tragique que nous hésitons à vous décrire,
5. Marie-Angélique, née le 20 avril 1677. Elle était à parfaire ses études. Puis nous perdons sa trace,
6. Louis, né le 27 août 1678, étudiant à un collège religieux. Il partait vers l'Acadie vers
1697, et éousa Jeanne Martin,
7. Anne-Agnès, née le 11 juillet 1681, étudiante chez les Ursulines avec sa soeur Françoise,
8. Le cadet Jean-Baptiste, né le 25 novembre 1682, est un des deuc garçons qui ont
transmit le nom Chesnay à ses descendants. Le 8 juillet 1703, il épousait Élisabeth
Boucher, filleule de Jean et de M.-Madeleine Paré, veuve de Julien Maufils, à
Sainte-Anne du Petit-Cap. Le couple engendra neuf rejetons dont cinq garçons. Jean
Baptiste fut inhumé à St-Antoine-de-Tilly, le 8 septembre 1731.
ADDENDA
Puisque cette information était dernièrement publiée j'ai découvert que Bertrand
Chesnay n'était pas le seul pour perpétuer le nom de famille Chesnay. Plus loin la
recherche a découvert que Louis Chesnay, le frère de Jean-Baptiste a épousé Jeanne
Martin à Port Royal, Acadie, environ 1698.(Source: Histoire et Généalogie des
Acadiens (Port Royal) par Bona Arseneault). On croit fortement que lui et certains de
leurs descendants étaient dans le secteur pendant la grande déportation d'Acadiens en
1755. Aujourd'hui il y a beaucoup qui croient que le nom de famille Chenet/Chenette
peut être connecté à ce nom. Il y a la recherche toujours forte étant continuée
aujourd'hui pour découvrir plus de descendants de Louis Chesnay.
FEU CRUEL
Dispense vous est donnée de connaître toutes les difficultés engendrées par la
réorganisation de la vie de Bertrand, après la mort de sa première épouse. Comme le
lion traqué dans la fosse, Chesnay réussit à se tenir sur les parois les plus élevées du
précipice financier. Ses enfants fréquentaient les grandes écoles. Son train de vie était
celui d'un bourgeois. A l'été 1682, pour éviter le dernier bourbier des mauvaises
affaires, il se permit,-croit-on, d'aller à la pêche à la morue, à Gaspé. Un malheur en
attire souvent un autre. Le feu est parfois un voleur cruel. Le 4 août 1682, à 9 1/2
heures du soir, le brigand à cagoule rouge envahissait la basse-ville de Québec.
Cinquante-cinq corps de logis incendiés jetèrent autant de familles sur le pavé étroit.
L'une des dernières maisons à tomber en cendre, ce fut celle du seigneur Chesnay.
Elle servait à la fois de foyer, de Magasin et de cabaret. Le 16 août, le maître était de
retour avec sa grosse chaloupe au quai de Québec. Désastre! Toute la famille dut de
replier au vieux manoir de Lotinville. C'est là que naquit J.-Baptiste, au mois de
novembre. Le breton Chesnay trouva le coup de massue trop puissant pour sa tête de
soixante ans. Mercredi 16 janvier 1683, il s'éteignit à la maison de chirurgien Jean de
Mosney, à la basse-ville, après avoir reçu les sacrements de la sainte Eglise. On
l'ensevelit avec les hardes qui lui restaient. Le curé de la cathédrale chanta le libéra.
Denis Roberge et le beau-père Claude Aubert le conduisirent en terre. Un grand
homme venait d'entrer en Paradis.
CATASTROPHE EN MER
François Genaple débuta l'inventaire des biens Aubert-Chesnay, le 9 avril 1683. Les
créanciers virent vite à la curée. Les héritiers se débinèrent les uns après les autres.
La veuve de 29 ans obtint qu'une maison à deux étages lui soit bâtie sur l'emplacement
vide qui restait à la basse-ville. A la fin des fins,le 5 avril 1690, Lotinville tombait
comme un fruit mûr dans les mains du puissant seigneur Charles Aubert de La
Chesnaye, puis dans celles de Mgr de Laval. La dépouille de Bertrand Chesnay était à
peine refroidie que la seigneuresse ruinée livra son coeur à J.-B.-Louis Franquelin.
C'était un homme instruit, délicat mais pauvre, cartographe, hydrographe, citoyen de
Québec depuis une douzaine d'années. Il avait bien 30 ans. Dispense de trois bans de
mariage fut accordée. Le 4 février 1683, à l'église Notre-Dame de Québec, le curé
Bernières bénit cet amour. Malgré de nombreuses difficultés financières, ce couple
vécut heureux. Cinq petits Franquelin s'amenèrent au foyer reconstruit: Marie-Jeanne,
Geneviève-Marguerite, Marie-Ange, Élisabeth et Marie-Joseph. Le père de famille fit
des voyages en France et décida même de s'y établir. A l'été 1693, il avait été convenu
que l'épouse Élisabeth irait rejoindre son mari. Le garçon Marie-Joseph était né le 17
avril. A cette époque, encore plus qu'aujourd'hui, aller vivre en France, c'était tout un
événement heureux. Les enfants du premier lit Aubert-Chesnay: Élisabeth,
Charles-Bertrand, Louis et Anne-Agnès accompagneraient leur mère. De plus,
M-Jeanne Franquelin, 7 ans, et Geneviève-Marguerite, 5 ans, viendraient également
rejoindre leur père à Paris. Les trois plus jeunes sont confiés à la tante Anne Aubert,
épouse du chirurgien bien nanti Gervais Beaudoin. Et ce fut le départ de Québec sur
un vaisseau du roi nommé Corossol. Le navire affronta une violente tempête à la
hauteur de Sept-Iles. Ce fut le naufrage et la disparition de tous les passagers et de
l'équipage, semble-t-il. Une partie importante des familles Chesnay et Franquelin
disparut à tout jamais, dans cette catastrophe maritime. C'est à peine si les
descendants se souviennent. Le temps a recouvert d'un linceul cette histoire tragique.
Le coeur nous manque pour décrire la suite des événements concernant les épaves de
cette famille éprouvée.
NOTE SUR LE COROSSOL
Récemment Parcs Canada ont découvert les restes du Corossol dans le fleuve
St.Laurent pas loin de Sept-Isles. Ils ont été capable de l'identifier par une de la mise
de canons au fond de la rivière. Les restes du bateau sont essentiellement non
identifiables comme toute la structure en bois a désagrégé plus des siècles. Et
maintenant, j'ai été informé qu'une des isles près de Sept-Isles a été nommée après le
navire Le Corossol.
BIBLIOGRAPHIE
Collection Nos Ancêtres, volume 12.
Greffe Ameau, 21 octobre 1675.
Greffe Aubert, 9 février 1666; 10 février 1666; 28 février 1668; 3 juillet 1668;3 juillet 1668 [2]; 13 octobre 1668; 22 mars 1669; 28 juillet 1669.
Greffe Audouart, 31 mars 1657; 4 août 1659; 6 février 1661.
Greffe Basset, 4 juillet 1673; 18 août 1676.
Greffe Becquet, 11 février 1666; 29 octobre 1667; 3 novembre 1667; et 27 autres actes notariés.
Greffe Duquet, 28 octobre 1669; 29 décembre 1673; 4 janvier 1674; et 22 autres actes notariés.
Greffe Fillion, 3 septembre 1661; 3 novembre 1665; 21 janvier 1671; 30 janvier1671.
Greffe Genaple, 9 avril 1683; 5 avril 1690.
Greffe Maugue, 19 juillet 1681; 14 septembre 1681; 23 octobre 1681.
Greffe Rageot, 7 mai 1667; 1 juin 1667; 4 septembre 1668; et 15 autres actes notariés.
Fournier, Marcel, Dictionnaire Biographique des Bretons en Nouvelle-France1600-1765 [1981],p.51.
Gariépy, Raymond, Les Seigneuries de Beaupré et de l'Ile d'Orléans [1974], pp.464-622.
Le Fief de Lotinville.
Jetté, René, Dictionnaire Généalogique des Familles du Québec [1983] pp.243-244.
Laberge, Lionel, Histoire du Fief de Lotinville 1652-1690 [1963], 346 pages.
Cet ouvrage de maître est capital pour comprendre l'histoire de Bertrand Chesnay.
Trudel, Marcel, Catalogue des Immigrants 1632-1662 [1983], p 333; Le terrier du Saint-Laurent en 1663 [1973], pp. 41, 132, 133, 140, 141, 537, 548.
Bulletin des Recherches Historiques, vol. 15, p. 49; vol. 20, p. 142; vol. 24,pp. 212-214.
Dictionnaire Biographique du Canada, vol 2, pp. 236-239. J.-B.-L. Franquelin.Jugements et Délibérations du Conseil Souverain de la Nouvelle-France de 1663 à1716, vol 1, pp. 137,142,143,145, 266, 267 et passim; vol 2, pp. 83, 101,passim; vol3. pp.228, 231.
Mémoires de la Société Généalogique Canadienne-Française, vol. 21, p. 87.
Rapport des Archives du Québec, vol. 45, p. 180.
VARIATION DES NOMS DE FAMILLE:
UNE EXPLICATION
On doit constater, en premier lieu, que plusieurs d'entre nous, ne sommes pas de vrais descendants de l'arbre généalogique Chénier. Il n'empêche pas moins que pour être choquant c'est la vérité. En effet, depuis des siècles, le nom Chesnay a subi plusieurs changements: Chénay, Chainé, Chéné, Chené, Chénier. D'autres variations, telles Chésné, Chéney, etc., sont moins fréquents. Pourquoi ces changements? Pour les néophytes en généalogie, il y a deux raisons principales: la parole et l'écriture. Lorsque les prêtres baptisaient les enfants, ils écrivaient le nom au son. Donc il ne faut pas se surprendre des erreurs inévitables d'orthographe aux registres des naissances. Et les nombreux déménagements augmentèrent les difficultés lorsque les familles arrivèrent dans de nouveaux lieux. Lorsque les personnes étaient illetrées, elles ne pouvaient pas épeler correctement leur nom, celui-ci étant orthographié au son. Ceci explique les nombreuses variations des noms de famille. Si les dactylos ou les ordinateurs avaient existéaux siècles derniers que d'erreurs auraient été évités!
Avec l'autorisation de René Chénier, auteur du "Dictionnaire généalogique des familles Chénier-Chainé-Chéné", j'extrais de ce livre d'autres explications des variations ainsi que leur migration.
"........Les descendant.......de Bertrand Chenay sont allés demeurer à St-Antoine de Tilly et ses environs. Une branche de la famille est restée à St-Appolinaire; une autre branche est partie vers les cantons de l'Est; une autre s'est dirigées vers les régions de Trois-Rivières et Shawinigan et une autre vers le Comté de Deux-Montagnes. Les CHENAY de St-Appolinaire, de Trois-Rivières et des Cantons de l'Est sont devenus des CHAINE. Les CHENAY de Deux-Montagnes sont devenus des CHENE.
Pourquoi la majorité des CHENE ont-ils changé leur nom en celui de CHENIER? Se
peut-il que l'arrivé du docteur Chénier à St-Benoit ainsi que la bagarre de St-Eustache en
1837 aient pu influencer la décision de ces CHENE? Pourtant, il y avait déjà des Chénier
à Oka avant l'arrivée du docteur. Julien CHENIER, fils d'Hyacinthe, a épousé Cécile Dicaire
aussi à Oka, le 6 février 1792. C'est aussi à Oka que mon arrière arrière grand-père
Charles a épousé Louise Viau le 8 janvier 1798. Et Charles était encore un Chéné en
1798. Intriguant n'est-ce pas?"
Veuillez noter: Le médecin Jean-Olivier Chénier (patriote de St-Eustache), Hyacinthe
Chénier et Julien Chénier sont les descendants de Jean Chénier et de Marguerite Bérard,
c'est-à-dire de l'autre lignée des Chénier de la Nouvelle-France.
Voici les principales sources de la compilation des donnés.
1. La Société de généalogie de l'Outaouais.
2. La Bibliothèque municipale de Hull.
3. La Société Franco-Ontarienne d'Histoire et de généalogie.
4. Les Archives nationales du Canada (Ottawa).
5. Jetté, René. Dictionnaire généalogique des familles du Québec. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1983. 1176 p.
6. Tanguay, Cyprien. Dictionnaire généalogique des familles canadiennes. Québec, E. Sénécal, 1871. 7 v.
7. Drouin, Institut. Dictionnaire national des Canadiens français. 1606-1760. Montréal , l'Institut, 1965. 3 v.
8. Plusieurs répertoires des naissance, mariages et décès.
9. LaBerge, Lionel. Histoire du Fief de Lotinville 1652-1690. L'Ange-Gardien, 1963.
10. Lebel, Gérard. Bertrand Chenay dit Lagarenne. Dans; Revue Sainte-Anne de Beaupré, Mai 1987, p. 231-234.
Une importante source de données origine du livre de René Chénier cité a la première page. Cette publication me fut essentielle tout au long de ce projet.
De plus, je voudrais remercier tout ceux qui m'ont aidé, durant ces nombreuse années de recherches, et qui ont rendu possible la publication de ce livre.
Enfin, je dois une mention spéciale à Alfred Côme André Chénier, mon cousin, qui, tout
au long de ce projet, m'a aidé à la vérification de certaines données.
Le monde n'abonde pas en perfectionnistes, et je ne prétends pas en être un. En tant que profane en généalogie, j'ai trouvé du plaisir, lors de ces nombreuses années, à produire ce projet de famille. Mon objectif était de trouver le maximum de descendants de Bertrand Chesnay.
Il est évident, en termes généalogiques, que le processus de compilation des descendants n'est jamais terminé.
A cet effet, j'invite tous ceux qui auraient des commentaires, ajouts ou corrections à me les signaler à l'adresse ci-après.
Ronald Chénier
26 Golder's Green Lane,
Nepean, Ont
K2J 5C1
Téléphone: (613)-823-6093
Courrier: ronchenier@rogers.com